Le Festival De Mi-Automne

Nǐ hǎo chers amateurs de chroniques semi-pertinentes. Alors, ça marche bien ce blogue? Je demande parce que je n’y ai même pas accès moi-même! Chinese Big Brother, je m’incline devant ta toute-puissance et te baiserai les pieds éternellement… en attendant, un gros merci à la Manager, Camille Paquin! J’enchaîne cette semaine avec mon expérience d’une fête importante dans la vie chinoise, j’ai nommé le festival de Mi-Automne.

“C’est parce que l’automne vient de commencer, ça peut pas être la mi-automne, tsé.” Je comprends, sauf qu’ici on est en Chine, Einstein. Un pays plutôt moderne et qui s’occidentalise relativement (trop) rapidement, mais qui garde quand même des aspects spécifiques. D’un côté on y retrouve le calendrier grégorien, le système métrique, du monde qui conduisent à droite, de la bière à 3-4%, la routine quoi. Mais de l’autre, il y a des traditions comme celles qui rattachent encore les fêtes nationales à l’ancien calendrier lunaire. Je ne sais pas si le ciel était dégagé dans votre boutte pendant la nuit du 18 au 19 septembre (la soirée du 19 en Chine), mais si oui, avez-vous remarqué la pleine lune? C’était la plus grosse et la plus brillante de l’année, celle qui tombait le plus proche de l’équinoxe d’automne dans l’hémisphère nord. Eh bien dans l’ancien calendrier chinois, la pleine lune en question marquait l’arrivée de la mi-automne et constituait un moment propice à de grandes célébrations.

Le festival de la mi-automne célèbre encore aujourd’hui la réunion des familles et amis ainsi que le plaisir d’échanger des cadeaux. C’est un peu comme Noël, mais sans les monsieurs louches qui payent des gens pauvres pour checker leur bébé naissant au fond d’une grange sombre quelque part en Palestine. L’emblème culinaire de cette fête est le fameux “gâteau de lune” (moon cake), un gâteau qui consiste plutôt en une petite tarte à saveur de… whatever. Fruits, légumes ou viande séchés, noix, fromage, combinés ou pas. Ça goûte pas toujours bon, d’ailleurs. Mais donc ici le 19 septembre le ciel était superbement dégagé et la lune était belle, grosse, brillante. À Yāntái, les gens ont l’habitude de se rendre massivement sur la plage ce soir-là pour se tremper les pieds dans la mer et regarder la fameuse lune dans les yeux. Je confirme que c’est une bonne idée.

Le lendemain, j’étais invité à une fête organisée par le propriétaire d’un complexe de logements bourgeois où ma potentiellement future boss réside. Quand t’es un étranger, tu te fais inviter à plein de choses comme ça par plein de monde différent. Vois-tu, les Chinois aiment bien être en compagnie d’étrangers, mais aiment surtout être VUS en leur compagnie. Ça a l’air que ça les fait bien paraître… en tout cas, quand Lisa m’a proposé au début de la semaine de participer au party en question, j’ai dit OK par politesse. Puis elle a insisté pour que je me joigne à son numéro de danse dans le spectacle, durant la soirée… “Phoque!”, me suis-je dit à ce moment. J’ai réussi à éviter une humiliation certaine en lui mentionnant que je jouais du drum, donc peut-être que… finalement elle m’a dit OK, on va t’arranger de quoi. (Insérer un soulagement extrême ici.)

Suite à une répétition humide le mardi après-midi et à une toune chinoise poche apprise par coeur dans mon iPOD pendant trois jours, m’y voici. Moment assez surréaliste: vendredi soir, sur une scène devant plein d’inconnus, à côté de cinq madames chinoises en veste rose brillante qui exécutaient une danse quétaine, je tapochais sur deux bongos au rythme de ladite musique poche en suant à grosses gouttes à côté des spotlights.

Si le présent est garant de l’avenir, la suite risque d’être… intéressante?